Historique
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Au Commencement étaient...

Si l'on veut commencer à se faire une idée de ce qu'est la civilisation eyldarin, autant attaquer tout de suite par son histoire. Une histoire longue, riche et passablement compliquée. En fait, tout historien vous le dira, l'histoire eyldarin est un casse-tête. Car si en histoire, il faut savoir distinguer entre les légendes et la dure réalité scientifique, ce n'est ici pas toujours possible.

Les premiers âges d'Arda sont là pour le prouver, si besoin était.

Les mythes fondateurs de la nation eyldarin

La plupart des sentiments nationaux sont fondés sur des mythes. Depuis les Sumériens jusqu'à Copacabana, toutes les grandes et petites nations de la Sphère se sont servies de légendes portées au rang de faits incontournables pour asseoir leur légitimité.

Les Eyldar n'échappent pas à cette règle. Qui plus est, leur histoire remonte à une période tellement reculée qu'elle en devient inatteignable. Quelles que soient les estimations, on pose le début de la civilisation eyldarin à plus de 30'000 ans avant l'ère chrétienne. Or, entretemps, la Terre a subi une glaciation imposante et, semble-t-il, basculé sur son axe, ou un quelconque bouleversement semblable, ce qui fait que l'on manque singulièrement de repères.

S'il existe effectivement quelques textes avant l'Exil (c'est-à-dire le départ des Eyldar et des Atlani, il y a près de 15'000 ans), ce sont pour la plupart des chroniques hautement subjectives. Peu de sources sont considérées comme étant réellement fiables. Et comme mentionné, la physionomie terrestre s'est passablement modifiée depuis, ce qui n'aide en rien les recherches archéologiques. Et ce qui embête beaucoup les historiens, surtout terriens, qui détestent naviguer dans le flou et le mal défini.

En bref, pour ce qui est des vingt mille ans qui précèdent l'Exil, il existe (pour résumer) trois versions de base de l'histoire.

La version légendaire -- l'histoire officielle des Eyldar

Cette première explication historique est en quelque sorte ce qu'on raconte aux enfants avant qu'ils dorment. On la retrouve dans des ouvrages de fiction, offrant au lecteur une vision romancée qui ne peut évidemment pas satisfaire quiconque doté d'un esprit scientifique. Ce qui n'empêche pas une grande majorité d'Eyldar d'affirmer que c'est ainsi que se sont déroulés les événements.

Créés par des Beltari , ou "Puissances", Eyldar et Humains sont deux races soeurs, conçues pour vivre en harmonie. Mais un des Beltari , jaloux de l'oeuvre de ses pairs, sema sa crème dans le joli projet. Au résultat, Eyldar et Humains se mirent à se taper dessus parmi, et au beau milieu de cette baston, le Rebelle ( Syerbeltar ) créa les Ennemis ( Ylech ), une race destructrice, contre lesquels Humains et Eyldar se sont battus jusqu'à l'Exil, avec trahisons et autres trucs tout plein dramatiques à la clef.

La Légende raconte cela dans des volumes entiers.

La version scientifique bon enfant -- une histoire simple

Cette explication est de loin la plus répandue dans la Sphère. C'est en quelque sorte l'histoire "officielle", telle que la connaissent ceux qui arborent un esprit rationaliste face à l'explication précédente qu'ils qualifient de superstition. Élaborée par des scientifiques terriens peu après leur arrivée au CEPMES, elle s'appuie sur des déductions un peu caduques, reposant sur beaucoup de présomptions archéologiques. Si les esprits scientifiques de la Sphère s'accordent pour la trouver dépassée, elle est pour l'instant la seule disponible. Ou presque.

Eyldar et Humains sont deux branches différentes de l'évolution, avec à l'origine un primate quelconque doté d'un nom à rallonge. La différenciation a eu lieu il y a quelques centaines de milliers d'années et Eyldar et Humains ont évolué chacun de leur côté pendant plusieurs millénaires, avant de se rencontrer, il y a près de 30'000 ans. Les deux civilisation avaient atteint alors un équivalent de l'Âge du Bronze. Elles se tapèrent dessus un moment mais, étant de force à peu près égale, renoncèrent assez vite et parvinrent à mettre au point des relations de bon voisinage. Les deux peuples suivirent alors une courbe d'évolution technologique parallèle, notamment par le jeu des nombreux échanges que leurs pays connaissaient. Bien sûr, tout n'alla pas sans heurts, mais rares furent les conflits raciaux généralisés. Tout au plus des rixes entre états voisins; rien de bien extraordinaire dans des sociétés féodales.

La version scientifique critique -- une guerre cachée?

Une explication qui, bien que tendant à se généraliser depuis une cinquantaine d'années, reste passablement marginale, face d'une part à des partisans d'une explication plus simple, comme celle ci-dessus, et d'autre part à des Eyldar et Atlani peu enclins à fouiller dans leur passé. Si elle ne s'apesantit pas sur les origines proprement dites, sa différence s'affiche clairement par la suite... Son principal avantage est de s'appuyer sur des sources (des textes de l'époque), son principal défaut est de s'appuyer sur des interprétations contestables et contestées de sources rares, et souvent particulièrement obscures...

Il existe, dans les rares textes épiques et historiques de l'époque, de nombreuses allusions faisant état de ce qui semble avoir été une sorte de guerre civile. Les termes employés à l'époque oscillent entre "rébellion", "trahison" et "hérésie". De nombreux historiens se sont penchés sur ces événements, qui semblent s'étaler sur près de dix mille ans, et ont relevé plusieurs choses: ce n'était pas un conflit racial, puisqu'il aurait touché Humains comme Eyldar, mais plutôt axé sur un différent idéologique, voire religieux (ce qui expliquerait l'athéisme actuel des populations eyldarin et atalen). Les rebelles sont généralement appelés "les Ennemis" ( Ylech ).

Ce conflit, même s'il connut des hauts et des bas, fut dans son ensemble très profond et très violent et n'a semble-t-il laissé personne indifférent, pusqu'on n'a jamais retrouvé de source objective: tous les textes sont empreints d'un contenu propagandiste que l'on pourrait qualifier euphémistiquement de virulent! Les traces laissées par une telle opposition subsistent encore dans l'inconscient collectif eyldarin. Pour certains Eyldar et Atlani, c'est encore à l'heure actuelle, quinze millénaires après les faits, un sujet tabou. Les historiens qui s'intéressent à ce sujet font souvent état de pressions et de menaces, sans qu'on sache très bien s'il s'agit d'une paranoïa ou d'un véritable complot. Toujours est-il que tout n'a pas été dit, et de loin. On suppose que de nombreuses pièces historiques se trouvent dans des collections privées, qui ne seront sans doute jamais mises à jour.

L' Exil ( Arvandë )

Le gros problème avec toute la période avant l'Exil, c'est qu'on n'en sait plus ou moins rien: il existe quelques chroniques et autres textes d'époque, comme dit plus haut, mais ceux-ci sont très poétisés, souvent écrits dans des styles passés de mode depuis des éons et donc que personne n'arrive à -- ou ne veut -- réellement déchiffrer. Donc, un peu tout ce qu'on en dit se résume à des extrapolations acrobatiques.

Pour en revenir à cette fin du Cinquième Âge, on estime que la population totale (Eyldar et Atlani, sans même parler d'éventuelles autres races) devait se situer entre 500 et 700 millions d'habitants, avec environ 65% d'Humains (c'est-à-dire des Humains et des Atlani) et 35% d'Eyldar (inclus les hybrides). Toujours selon ces estimations, 300-400 millions auraient quitté la Terre. Quant au décompte exact, il est bien entendu flou, mais on s'accorde à penser qu'il y avait environ 60-70% d'Atlani, contre seulement 30% d'Eyldar. Mais on peut dire que ces exilés représentent 60% de la population terrienne humaine totale, respectivement 85% des Eyldar.

Quant aux autres races qui auraient cohabité avec les Eyldar et les Humains, rien n'a jusqu'à présent permis de confirmer leur existence. On croit qu'il s'agit au pire des légendes, au mieux des clans différents; une théorie, dont on n'a jamais pu trouver ni l'auteur ni même la provenance, affirme qu'elles ont effectivement existé, mais que pendant les glaciations elles se sont fondues dans la population humaine, ce qui dit-on expliquerait bien des choses, notamment au niveau de la physionomie des Terriens...

L'Arlauriëntur

Parler de la période de près de 10'000 ans sur laquelle s'étend l' Arlauriëntur tient de la gageure, et ce pour plusieurs raisons. La première, c'est que, comme pour la Rome antique, tout le monde en a une idée préconçue, mais personne, mis à part les rares historiens qui planchent sur le sujet, ne sait grand-chose de précis. Les Eyldar eux-mêmes n'en ont le plus souvent qu'une image incomplète, grossièrement déformée, soit très positive, soit très négative.

Ensuite, le mot Arlauriëntur , qui peut se traduire par quelque chose comme "tête suprême du grand royaume", désigne indistinctement: 1) l'état politique, 2) une forme d'organisation sociale, 3) une communauté économique et militaire, 4) le corps du gouvernement lui-même, 5) la noblesse composant ce gouvernement. Pour une description plus claire de ce qu'est (et surtout de ce que n'est pas) l' Arlauriëntur , reportez-vous au chapitre annexequi lui est consacré un peu plus loin dans cet ouvrage.

Enfin, si on souhaite employer ce terme avec les réserves sus-mentionnées (ce que l'on va faire ici pour plus de simplicité), il n'y a pas une, mais plusieurs Arlauriëntur i qui se succèdent dans le temps. On peut compter trois périodes distinctes. La première, ou proto- Arlauriëntur , est une phase d'expansion géographique et de développement. La civilisation eyldarin se cherche, se diversifie et rode les systèmes qui vont être les siens par la suite. Suit l' Arlauriëntur en paix, empire bienveillant et prospère, s'étendant placidement sur la Sphère. Enfin l' Arlauriëntur en guerre, un état tourné presque exclusivement vers le conflit, d'abord contre les Karlan, puis contre le CEPMES. De plus, à l'imprécision temporelle vient s'ajouter une imprécision géographique: l'ancien empire eyldarin couvrait en gros une sphère de 400 A.L. de rayon. C'est énorme, bien plus que ce que l'on connaît maintenant!

L'histoire de l' Arlauriëntur est, pour plusieurs raisons, une histoire "à trous". D'immenses zones d'ombre subsistent sur plusieurs lieni, bien souvent critiques pour la compréhension des événements. On peut d'abord citer la mauvaise habitude qu'ont les archives eyldarin de se faire volatiliser, soit au cours de raids Karlan, soit pendant la Révolution. Ensuite, il y a la mauvaise foi évidente de certaines des sources survivantes, à côté desquelles les archives du IIIe Reich sont un modèle d'objectivité. Pour tout arranger, une bonne quantité de documents ont échoué dans des mains privées, privées surtout du désir de les faire partager à leurs contemporains. Notez bien que, suivant le contenu des documents, on peut comprendre qu'ils répugnent à les rendre publics...

La proto-Arlauriëntur

D'une manière arbitraire le Sixième Âge Eyldarin, "l'Âge des Étoiles" (Elreyan), commence avec le départ des vaisseaux d'Arda. Ce qui fait qu'entre ce départ et l'arrivée des premiers, on a un vide d'environ cinquante ans. Aucune indication, par exeple, d'une quelconque activité à bord des vaisseaux; la théorie la plus répandue veut que le voyage se soit fait en animation suspendue pour les passagers, les vaisseaux eux-mêmes étant automatiques.

La Royauté (-11798 à -7420)

Les Eyldar débarquèrent sur Dor Eydhel, d'après les sources les plus sûres (Université Royale d'Eokard), le cinquantième conor du premier lien du Sixième Âge (1-50), au printemps. Ils établirent sur la planète le système semi-féodal qui avait été le leur durant les milliers d'années précédant l'exil. Hiriel Galadril En-Laurelin fut la première -- et aussi la dernière, puisque la seule -- reine des Eyldar.

Les trois planètes eyldarin furent en contact les unes avec les autres bien plus tôt, vers le cinquième ou sixième lien , par communications télépathiques dans un premier temps, puis grâce à des vaisseaux infraluminiques, qui mettaient entre 20 et 50 ans pour faire les trajets. Dans un premier temps, ces vaisseaux marquent le début de la conquête spatiale, d'abord par l'implantation de stations spatiales, planétaires et astéroïdales dans les systèmes rencontrés.

( Note: à ceux qui me taquinent sur le point des communications télépathiques -- et ils sont nombreux: au moins deux... -- je répondrai que, comme expliqué dans les règles de base de Tigres Volants , le pouvoir connexion a une portée théorique infinie, ramenée dans la pratique (c'est-à-dire les règles) à 1000 km. pour rester dans des limites raisonnables face à des joueurs qui exagèrent toujours. Maintenant, si vous voulez plus de renseignements, allez vite jeter un coup d'oeil dans la section consacrée aux persos Eyldar, qui possède un paragraphe sur les Arcanes.)

Le voyage interstellaire tombe à point nommé pour soulager les trois mondes eyldarin d'une "surpopulation" (dans le cas présent, plus de 3 milliards d'individus par planète). Les découvertes se font dans un premier temps dans les systèmes voisins: Laynë ("offerte" par le clan Maygran), puis Oreanil, Valaronda et Honyela sont explorés, puis terraformés en moins de 3'000 ans. Ardanya et Gilbestas viendront quelques lieni plus tard, alors que Dolgayan, Dor Salminis et Meladrel sont, sinon des découvertes, tout au moins des terraformations plus récentes. Laynë est en fait le véritable point de départ de l'expansion eyldarin. S'il n'y avait pas eu la mise au point d'un procédé de terraformation par le Clan Maygran, il est fort probable que l' Arlauriëntur n'aurait longtemps été qu'un état mineur, condamné à un contrôle strict de sa croissance pour éviter l'étouffement.

Il fallut curieusement plus de 4000 ans aux Eyldar pour découvrir -- redécouvrir? -- la propulsion hyperluminique et donc pouvoir se lancer dans la conquête spatiale en l'an -7517 (31-12). Avec le raccourcissement de la durée des trajets, coïncidant avec la fin de la plupart des processus de terraformation engagés, on assiste alors à un incroyable essor de la civilisation eyldarin, tel qu'elle n'en avait jamais connu auparavant. Devant une telle expansion, les systèmes politiques antiques se révèlent très rapidement inefficaces et Hiriel Galadril, après consultations de ses vassaux, se retire, en laissant derrière elle un collège de nobles diriger le pays et donner aux Eyldar une nouvelle base politique et sociale. La chose est faite en -7420 (31-108). Le nom Arlauriëntur apparaît pour la première fois dans les textes officiels, en regard d'une série de mesures radicales, qui, bien que fraîchement accueillies, remportent avant longtemps l'adhésion de la population.

Les Ligues Atlani (-11773 à -6351)

De leur côté, les Humains (c'est-à-dire les Atlani; ce terme n'apparaîtra qu'à la fondation des Ligues) arrivés sur Eokard, Listant et Brivianë ne chôment pas non plus. Eux aussi rétablissent les anciennes structures sociales, tout en les actualisant avec un esprit de conquête très humain... Rapidement, très rapidement même, la technologie évolue jusqu'à atteindre le stade de la propulsion infraluminique en moins de 300 ans. Les Ligues Atlani se forment dans la foulée et les Atlani n'envoyent pas moins de seize vaisseaux-colonies infraluminiques vers huit systèmes solaires voisins et habitables.

Peu avant les retrouvailles avec les Eyldar, les Atlani possèdent déjà douze systèmes stellaires, dont quatre habitables, et de nombreuses stations minières, le tout formant un espace de 15 A.L. de rayon. Le gros problème des Atlani reste leur méconnaissance des mécanismes de terraformation. Ce n'est pas faute d'essayer, mais leur technologie est beaucoup plus tournée vers la mécanisation que vers les sciences du vivant. Et puis il n'existe pas chez les Atlani l'équivalent d'un Clan Maygran, ayant dû se forcer à créer des techniques nécessaires à sa survie.

L'adjonction des Ligues Atlani, effectuée dans des modalités qui restent encore mal connues, amène aux Eyldar un potentiel militaire phénoménal. Nouvelle mentalité, nouvelle population quasi-égale à la population eyldarin; nouveaux problèmes, rapidement résolus par une mise sur un pied d'égalité des Eyldar et Atlani, mais avec une tutelle eyldarin subtile. C'est aussi le début réel de l'organisation militaire de l' Arlauriëntur en tant que force spatiale.

La question siyansk (-6351 à -6325)

La civilisation siyansk fut la première dans la Sphère à atteindre les étoiles, poussée par une démographie galopante et une économie en constante expansion. Les différentes guildes siyansk se lancèrent à l'assaut des planètes, puis des systèmes voisins dès -9641 (16-48). Il est d'ailleurs faux de parler de "civilisation siyansk", mais bien de "civilisations siyansk", tant sa multiplicité culturelle était alors grande.

C'est pendant la 17e Guerre mondiale siyansk que l' Arlauriëntur prit pour la première fois contact avec les Siyani, et par la même occasion avec la première civilisation stellaire d'origine non-terrienne. Ce conflit fut rapidement réglé par l'intervention militaire eyldarin. Celle-ci aboutit dans un premier temps à une mise sous tutelle de toute la civilisation des Siyani. Puis, après quelques révoltes et autres mouvements d'humeurs, les Siyani devinrent un peuple allié.

Ce fut en -6325 (39-52) que furent signés les accords de Dor Eydhel, faisant passer les Siyani de "peuple soumis" à "peuple allié". La Guilde Marchande Siyansk se voyait accorder une importante autonomie et une mainmise plus ou moins avouée sur ses concurrentes. Les Siyani gagnaient ainsi l'accès à un marché énorme, alors que l' Arlauriëntur se débarrassait des questions de distribution et d'approvisionnement de ses colonies, et en plus n'avait plus à s'occuper des remuants Siyani...

Il est à noter que, dès -6181 (40-52) les premiers Siyani, des représentants des quatre plus grandes Guildes (puis, dès -4325, des six plus grandes Guildes), furent admis au Varsiëntur , après une période de probation, comme prévu dans les accords de Dor Eydhel. Leur présence demeura jusqu'à la dissolution du Varsiëntur en -1161 (75-32).

L'Arlauriëntur en paix (-6325 à -2679)

Toute cette période est marquée par les caractéristiques suivantes: croissance contrôlée, intégration en douceur, égalisation des systèmes sociaux (dans la mesure du possible), mais prédominance politique eyldarin, prédominance militaire atalen et prédominance économique siyansk.

Croissance et intégration

Pendant ces quatre millénaires, l' Arlauriëntur se développe calmement. Sa puissance militaire et sa réputation de "géant bienveillant" lui sert à résoudre pacifiquement la plupart des conflits qui peuvent se présenter et à étendre sa domination sur une Sphère quasiment vierge.

C'est une période de prospérité, un Âge d'Or économique et social, même si quelques historiens tatillons font remarquer quelques escarmouches moins pacifistes dans ce qui sera plus tard la Frontière, ainsi que des démonstrations de force eyldarin et atlani sur certaines guildes siyansk un peu trop oublieuses de conventions passées.

La Frontière

Le cas de la Frontière est typique: les Ligues Atlani connaissent avec l'expansion stellaire une augmentation du taux de criminalité, d'opposition politique et de religions plus ou moins discordantes. Dès l'intégration dans l' Arlauriëntur , le problème devient crucial: ça fait réellement désordre! La solution est toute trouvée: envoyer tout ce petit monde remuant tester ses nouvelles philosophies sur des mondes vierges et rudes.

Ainsi naît vers -6000 la Frontière, ou tout au moins l'appellation. Les différents états qui s'y forment, bien que dépendant en théorie des Ligues Atlani, affichent souvent une fière indépendance, parfois belliqueuse, et qui de fait nécessite une remise à l'ordre violente. Des mondes aussi extrêmes que Caramer ou Kaïldien sont bien évidemment les foyers principaux d'insurrection, alors que des mondes tempérés, tels que Trian, s'avèrent beaucoup plus calmes, d'autant plus qu'étant plus propices à une exploitation en règle, ils rentrent tout naturellement dans le circuit économique interstellaire de l' Arlauriëntur et se voient alors soumis à un régime plus strict.

Il n'empêche que, régulièrement, des planètes déclarent leur indépendance vis-à-vis de l' Arlauriëntur . Cet état de fait ne dure que quelques lieni tout au plus, soit à cause d'un ou plusieurs coups d'état d'origine interne ou externe, soit à cause d'une reprise en main pacifique, soit dans des cas extrêmes et rares par un coup de force militaire. Avadi-Arag fit d'ailleurs plusieurs fois les frais de cette dernière solution lors de ses multiples soulèvements, ayant presque tous comme point commun une agressivité peu commune envers ses voisins...

L'Arlauriëntur en guerre

Si dans de nombreuses civilisations, notamment terriennes, la guerre a bien souvent été un facteur d'évolution, pour ce qui est de l'agrégat eyldarino-atlano-siyansk, les choses furent très différentes. Une chose est sûre, les Eyldar n'aiment en règle générale pas la guerre, surtout parce qu'ils ont tendance à sombrer rapidement dans des exagérations assez peu en rapport avec leur respect habituel de la vie...

La découverte qui fera évidemment pencher la balance, c'est la rencontre avec le Haut-Commandement Karlan. Dès le début des hostilités, une autre Arlauriëntur apparaît: la machine de guerre interstellaire. Bien évidemment, c'est dans un premier temps un réflexed'autodéfense qui fait agir les dirigeants à l'encontre de tous leurs instincts pacifistes. Mais il faut reconnaître que, très tôt, une propagande raciste anti-Karlan naît et ce qui devait être un "simple" conflit de frontière se transforme en une Guerre Sainte contre l'Ennemi; sur ce sujet, il semblerait qu'Eyldar et Atlani soit très facilement manipulables...

La Première guerre d'expansion (-2679 à -1398)

"La meilleure défense, c'est l'attaque", dira beaucoup plus tard le Caporal-Empereur Napoléon Bonaparte. Ça ne lui a pas vraiment réussi, et dans le cas présent, ça ne réussit pas non plus aux Eyldar.

On distingue cinq périodes dans la Première guerre d'expansion. La première, qui commence en -2679 et se prolonge jusque vers -2400 en gros, c'est la période d'avancée eyldarin. L' Arlauriëntur commenca par s'enfoncer très profondément en territoire Karlan: en trois ans, cinq systèmes planétaires tombèrent aux mains de l' Arlauriëntur . Il s'agissait pour la plupart d'avant-postes karlan, parfois avec une planète en stade préliminaire de terraformation (corrolaire: oui, les Karlan aussi savent terraformer...).

Aucun des mondes pris n'avaient une réelle importance stratégique au sein d'un Haut-Commandement Karlan dont personne ne semblait soupçonner l'étendue (notons d'ailleurs que pas grand-monde n'en mesure encore à l'heure actuelle l'exacte étendue...). Il semble que la notion qu'une civilisation ait pu développer un état plus grand que le leur ait totalement échappé aux dirigeants de l' Arlauriëntur , de même que la possibilité que ces avances rapides (au total plus de dix systèmes occupés en -2411) ne soit un piège.

Grave erreur. Les combattants de l'Aralauriëntur se heurtèrent bientôt à une arme redoutable: une technologie karlan bien supérieure en matière de propulsion hyperspatiale. Au lieu de frapper de front, les Karlan envoyèrent leurs vaisseaux derrière les "lignes" eyldarin. Dans un premier temps, au cours d'une période de calme relatif de deux cents ans à partir de -2400, les Karlan se contentèrent d'envoyer une multitude de petits vaisseaux-espions, si discrets que beaucoup ne furent pas repérés. Ces éclaireurs furent chargés de cartographier l' Eltarandor , de manière parfois plus précise que l' Arlauriëntur elle-même. Ils posèrent aussi un certain nombre de balises hyperspatiales (qui servent encore, près de 5000 ans plus tard, pour la navigation hyperspatiale). Puis, dès -2200, les flottes de combat karlan se rassemblèrent et commencèrent à attaquer les postes de soutien logistique dans la Frontière. On peut dire que c'est réellement à ce moment que commence la guerre elle-même. Époque bénie pour certains, qui d'une part purent faire des affaires florissantes dans l'économie de guerre, et d'autre part purent s'illustrer glorieusement dans les nombreux combats spatiaux qui illuminèrent les systèmes stellaires de l' Eltarandor .

Examinons un peu les forces en présence. Si l' Arlauriëntur disposait d'un impressionnant arsenal militaire et d'une puissance économique non négligeable, elle ne peut attaquer et défendre en même temps. C'est un grand empire, mais dont les forces vives ne sont disposées que sur un espace somme toute relativement restreint. Du côté du Haut-Commandement Karlan, le problème est autre. Tous les stratèges s'accordent à penser qu'il n'avait en un temps donné qu'un nombre limité de flottes disponibles. Il devait donc frapper vite et fort, en un seul point, pour éviter de se faire écraser par la supériorité militaire brute de l' Arlauriëntur .

Chez les dirigeants Eyldar et les combattants Atlani, on fulmine, mais on se rend bien vite à la logique: il faut défendre, et non plus attaquer. Durant les dix lieni suivants, le Haut-Commandement continua à harceler l' Arlauriëntur jusque sur ses planètes-mères chaque fois que celle-ci se prit de poussées expansionnistes. Il n'y eut que peu de débarquements planétaires, et le plus souvent ils n'avaient pour but, non l'invasion de la planète, mais l'établissement d'un avant-poste. Dès lors et au fur et à mesure que les attaques touchèrent des cibles dans la Première Couronne, les Ënturi devinrent de plus intransigeantes et agressives. Oreanil, une des planètes les plus proches de l'espace karlan, fut la plus touchée; la réaction extrêmement violente de ses habitants est souvent citée dans les rapports et les livres d'histoire pour décrire la modification de l'état d'esprit du peuple eyldarin, du pacifisme vers l'agressivité extrême; un des plus fameux cris de guerre des combattants eyldarin était selon la légende lorenda Oreanil , "souviens-toi d'Oreanil".

Le commencement de la fin (-1398 à -641)

Entre-temps, le CEPMES voit le jour, de la volonté commune des Siyani et des Karlan de voir la guerre cesser, les uns parce que c'est mauvais pour le commerce, les autres parce qu'ils avaient eux aussi des problèmes d'approvisionnement. Bien que bâtie sur une idée généreuse, cette organisation se trouvera bien vite sclérosée par les magouilles des deux organisateurs, s'opposant à une intransigeance eyldarin, pas dupe. Les Eyldar en voudront d'ailleurs suffisamment aux Siyani pour entériner rapidement des mesures de discrimination envers eux et, de fait, le transit de marchandises dans l' Arlauriëntur passa progressivement dans des mains, surtout atlani et un peu eyldarin.

En conséquence et en -1161 (75-32), le Varsiëntur se fait gentiment lourder en masse et l'état se réorganise autour des deux Ënturi restantes. De plus, on assiste dans les deux lieni suivant à des purges systématiques: Linwyth , puis progressivement Halwyth modérés, sont écartés du pouvoir. C'est à ce moment que les historiens actuels situent le tournant de la guerre, qui rentre dans une logique de "vvictoire totale" manichéiste de plus en plus absurde. La propagande belliciste et raciste devient réellement omniprésente dans les informations et la littérature.

Révolution! (-641 à -622)

Entre la guerre et l'impossibilité de voies diplomatiques "acceptables", l' Arlauriëntur glisse lentement sur la voie de l'acharnement et de l'aveuglement politique. À cet égard, et ce malgré quelques notables et courageuses exceptions, les derniers seigneurs de l' Arlauriëntur se distinguent par leur impétuosité, leur vue basse et leur entêtement aussi stupide que dramatique. Les opérations militaires, si elles se révèlent fructueuses, provoquent aussi des représailles karlan sur les civils.

Lors de la séance historique du printemps -641 (78-120), le CEPMES déclare un blocus total de l' Arlauriëntur . Les Siyani rompent définitivement les derniers accords les liant aux Eyldar; plusieurs planètes contrôlées par les Ligues Atlani, dont les Principautés Unies et un bon bout de ce qui sera plus tard la F.E.F., font de même. L' Arlauriëntur reste modérée dans sa réaction, qui se borne à une "remise en ordre" de l'empire.

Ce n'est que deux ans plus tard que crèvera l'abcès, après un changement de seigneurs, qui porte au pouvoir une armada de militaristes, tendance dure. La plus grande partie de la flotte spatiale de l' Arlauriëntur fonce sur Fantir et commence le siège en règle de la planète. La bataille est un véritable chaos, de l'aveu des rescapés des deux camps. Au sein de la flotte, les avis sont partagés, ce qui provoque de plus en plus de changements de camp et de désertions, au fur et à mesure que le conflit dure et que les pertes augmentent. Car, en face, il y a toute la flotte Karlan, plus les Siyani et quelques vaisseaux des états sécessionnistes, et tout ce petit monde se bat d'arrache-pied. Les raids Karlan redoublent, ce qui a pour conséquence de renforcer les Seigneurs de l' Arlauriëntur dans leur conviction: Fantir doit être détruite.

Seulement, six ans plus tard, Fantir n'est pas détruite.

Au sein de la force spatiale, c'est carrément le schisme entre des combattants "loyalistes", pour la plupart des volontaires issus de la classe dirigeante, et "rebelles", principalement composés d'unités de conscrits. Le Dagarëntur donne carte blanche à ses officiers, et souvent le conflit se termine par des exécutions sommaires, quand ce ne sont pas des abandons sur des planètes perdues.

Le peuple de l' Arlauriëntur , épuisé par six années de guerre totale et aveugle, craque. Les Atlani et les Siyani sont les premiers à se révolter, mais les mondes eyldarin ne sont pas à l'abri de mouvements d'humeur, comme le montre l'exeple d'Eridia, en encadré. Sur de nombreuses planètes, c'est la guerre ouverte, sans même parler de la Frontière, qui profite du départ des trois-quarts des garnisons pour se rebeller en bloc contre le quart restant.

L'année 6-78-138 (-623) est déterminante, car elle voit l' Arlauriëntur sérieusement bloquée sur Fantir et obligée d'envoyer de plus en plus de garnisons vers le front. Dans les zones de troubles, les consignes répressives se durcissent, pour contrebalancer la diminution des effectifs. C'est à ce moment que tout bascule, lorsque l'élément militaire, jusque là maintenant l'illusion de l'unité, se fissure brusquement. Les désertions d'unités, puis de flottilles entières, se succèdent.

Dans tout l' Eltarandor , la population se déchaîne contre ses dirigeants. Une semaine d'émeutes continuelles sèment l'anarchie la plus totale. Les communications normales entre la plupart des mondes sont coupées. La plupart des hauts responsables planétaires et interplanétaires sont assassinés ou s'enfuient.

À la fin de l'automne de cette même année, alors que ce qui reste de l' Arlauriëntur siège, un vaisseau qui assurait la défense de Dor Eydhel passe d'un coup à la rebellion et balance une salve de missiles thermiques sur le Palais aux Mille Jardins.

L' Arlauriëntur est décapitée, le reste suit en quelques jours...

La République

Période dite "moderne" de l'histoire eyldarin, elle a l'avantage d'être très bien documentée et l'inconvénient de n'être intéressante que pour ceux que les comparaisons entre plans et réformes économiques à l'échelle d'un lien intéressent...

Formation (-621 à -119)

La chute de l' Arlauriëntur signifia pour les populations de la Sphère plusieurs choses. D'une part, la fin d'une guerre effroyablement sanglante: plus de trois milliards de morts, en prenant les estimations les plus raisonnables. D'autre part, la dispartition d'un immense état, oppresseur pour certains, protecteur pour d'autres; en d'autres termes, si certains saluent leur liberté fraîchement acquise avec joie, d'autres envisagent avec plus d'anxiété un avenir sans une puissance militaire forte et unie pour contrer les Karlan.

Les événements qui suivirent l'anéantissement du Palais aux Mille Jardins comptent parmi les plus importants de l'histoire eyldarin. D'abord, c'est un chaos régnant sur les planètes de l'ancien empire; la disparition du commandement militaire suprême et la rupture de presque toutes les lignes de communication civiles plonge la Sphère dans l'anarchie. Après les hauts dignitaires, la colère de la population se tourne vers l'ensemble des Areyldar. Puis, on assiste à la résurgence des Linwyth , écartés du pouvoir depuis une demi-douzaine de lieni par les Tirwyth principalement. Bien souvent, leur action est occulte, pour ne pas s'attirer les foudres d'une population encore très montée contre l'ancienne classe dirigeante.

Si, moins d'un an après la Révolution, une délégation de la République Eyldarin se rend auprès de ce qui reste du CEPMES pour annoncer la création de cet état et demander son adhésion, la République de l'époque ne compte encore que la moitié des planètes prévues, les autres étant encore en conflit. En fait, elle mettra plus d'un lien à rentrer dans ses frontières, et encore un autre lien avant d'être réellement en état de fonctionner...

Réduite à sa plus simple expression, la République Eyldarin veut rassurer. Finis les plans mégalomanes de conquête galactique. Finie la force militaire qui faisait trembler la Sphère. Et enfin, fini le modèle social dominants/dominés. Fini aussi le gouvernement: chacun se débrouille!..

En pratique, si les premières Agorë planétaires voient le jour dès -547 (79-70) sur Ringalat, Eridia et Dolgaya, il faudra attendre -215 (81-114) pour que toutes les planètes de l'ancienne Première Couronne aient leur Agora et qu'ainsi soit définitivement arrêtée la composition territoriale de la République Eyldarin. La première Agora nationale ne se réunira pas avant -212 (81-117).

Des mutations pareilles ne se font pas sans réticences. On ne se débarrasse pas d'un système vieux de 20'000 ans sans susciter des pleurs et des grincements de dents; aussi attachés soient-ils à l'abandon définitif de tout ce qui pourrait rappeler de près ou de loin l' Arlauriëntur , les citoyens eyldarin ont quand même du mal à changer leurs habitudes. Notamment la création de l'Agence du Travail en -119 (82-66) essayera de mettre un terme aux anciennes pratiques de clientélisme et aux restes du système tri-caste, les anciens non-Libres ayant toujours tendance à travailler pour leurs maîtres.

Les quelque cinq cents ans suivant la proclamation de la République seront consacrés à la mise en place et au peaufinage du système, jusqu'à ce que celui-ci soit parfaitement huilé. Les énormes problèmes d'approvisionnement dus à la mise en service du nouveau système économique s'estompent assez rapidement après la création de la Chambre Économique en -229 (81-100). On peut dire qu'à partir de -97 (82-88), toutes les cicatrices de la Révolution sont effacées et que la République tourne comme s'il en avait toujours été ainsi.

La paranoïa des autres nations de la Sphère se calme face à la volonté affirmée des Eyldar de faire table rase du passé. Volonté tellement affirmée qu'elle ne manque d'ailleurs pas d'énerver quelques esprits curieux qui aimeraient bien avoir des réponses à certaines questions.

En d'autres temps et d'autres lieux, un slogan aurait très bien pu résumer cet état d'esprit propre à la nouvelle civilisation eyldarin: " Arlauriëntur ? Connaît pas..."

La Paix (-119 à 1644)

Rien.

Non, réellement. Du moins du point de vue de la République Eyldarin, cette période de près de deux mille ans se déroule dans un calme impressionnant. Il y aurait bien entendu des choses à voir au niveau des différentes politiques économiques, mais très honnêtement, je doute que ça intéresse qui que ce soit...

Les diverses crises que connurent d'autres secteurs de la Sphère, comme la Crise Anarchiste dans la Frontière, la faillite des Principautés Unies, ou le conflit larvé que se livrèrent les flottes marchandes Atlani et Siyansk, tout cela passa bien au-dessus de la tête des Eyldar de la République.

Terre 2 : Le Retour (1644 à 1989)

Les Eyldar n'ont jamais réellement perdu le contact avec Arda . Il semblerait même que, pendant l' Arlauriëntur , il existait des bases eyldarin sur Terre. Toujours est-il qu'il y eut toujours des Eyldar sur leur planète-mère. Ceux-ci avaient assisté à la reprise de la marche de l'Humanité vers la Civilisation, ou du moins quelque chose qui y ressemblait... Ils furent témoins, plus rarement acteurs, des événements petits et grands de l'Antiquité, puis du Moyen-Âge, de la Renaissance et de l'Époque moderne.

Ce furent les "grandes découvertes" qui commencèrent à les faire tiquer. Des contacts intercontinentaux, il y en avait eu avant, mais jamais à cette échelle, et avec une telle violence. La destruction des empires aztèques et incas en Amérique fit réfléchir l'un d'entre eux, Cediar Salion Maënilvya. Jeune Areylda idéaliste, il s'était retrouvé à la tête de la défense nationale dans l'Agora eyldarin et avait séjourné sur Arda et y retournait même de temps à autre.

Dès le milieu du 17e siècle (94-100 environ), il installa sur Terre un réseau d'amis et de parents, chargés de surveiller les agissements des Européens. Voyant la situation des indigènes d'Amérique dégénérer au fur et à mesure que les colons affluaient, il prit une décision lourde de conséquences: contacter les tribus, leur exposer les dangers de la colonisation et leur proposer d'éviter un ethnocide en émigrant vers l'espace eyldarin. Décision grande et noble, mais prise sans concertation avec les autres membres de l'Agora, ni même son collègue de la défense...

Il vécut longtemps parmi les tribus amérindiennes, allant même jusqu'à prendre pour femme une Cheyenne. Certaines de ces tribus finirent vers le milieu du 19e siècle (96-10 environ) à reconnaître le bien-fondé des craintes de Cediar et ce fut le départ pour la République Eyldarin. À bord de transports de troupes de l'armée...

L'Agora prit très mal la chose. Non seulement ils se retrouvaient avec près de 500'000 Terriens sans domicile sur les bras, sans avoir été prévenus, mais en plus lesdits Terriens avaient été transportés depuis une planète primitive -- et donc de ce fait protégée par le CEPMES de toute intervention extérieure, mais sous la bienveillante surveillance des Eyldar -- à bord de transports de troupes d'une armée qui n'est pas censée exister... Il y eut des grincements de dents, on tenta de trouver une excuse idiote qui ne convainquit personne, Cediar Salion Maënilvya fut officiellement mis au placard, mais s'occupa dans la pratique d'installer tout ce petit monde sur Ardanya.

Le Choc Terrien (1989 à 2115)

Ou: "les Terriens, c'est pas un cadeau!" Période déterminante de la Sphère, celle où les nations terriennes accèdent aux étoiles, et les répercussions d'icelles sur la République.

Première époque: la Troisième guerre mondiale

Un siècle et demi plus tard, le même Cediar Salion Maënilvya, revenu à son poste au sein de l'Agora, constate la situation géopolitique terrienne. Le reste de l' Agora , pensant qu'il a compris la leçon, ne se soucie pas de ce qui se passe. Grave erreur! Il remet ça, embarquant, parfois un peu de force, un bon million de Terriens entre le 25 décembre 1992 et le 5 janvier 1993 (97-17), date à laquelle les premiers vaisseaux arrivent autour d'Ardanya et donc l' Agora est mise au courant... Pour tout arranger, une charge thermonucléaire explose au-dessus de Zurich, où étaient rassemblés la quasi-totalité des Eyldar et Atlani d'Europe en attente d'une évacuation; parmi les quelques 200'000 morts, pas loin d'un millier d'Eyldar. Du coup, plus personne ne rigole, surtout pas Cediar, qui y perd sa compagne.

Cela fait un peu beaucoup! L' Agora se fâche très fort et -- fait exceptionnel -- fait passer le fautif devant une cour spéciale qui, selon les lois eyldarin, peut prononcer jusqu'à une peine de bannissement définitif. Seulement la situation est un peu différente. Une grande partie de l'opinion publique eyldarin (et même de la Sphère) approuve l'action, d'autant plus que, pour les Amérindiens, l'histoire avait prouvé le bien-fondé de la chose. Le clan Salion parvient assez facilement à convaincre l' Agora qu'avec une bonne campagne de pub, la République Eyldarin peut faire de cette manoeuvre illégale un coup d'éclat international.

Le CEPMES est moins enthousiaste. Il faut dire qu'il s'agit là d'un double cas unique, avec à la clef un dilemme déontologique pas piqué des hannetons: vaut-il mieux ne pas intervenir pour respecter un règlement plutôt que de sauver un million d'individus? Je vous rassure tout de suite: trois siècles plus tard, la question reste toujours sans réponse...

Deuxième époque: la Quatrième guerre mondiale

Les Eyldar, qui croyaient en avoir fini avec les Terriens, en sont pour leurs frais: contre toute attente, non seulement ces derniers ne se sont pas entre-exterminés jusqu'au dernier, mais en plus ils rattrapent en un temps record les dommages causés par la Troisième guerre mondiale et semblent se préparer à en lancer une quatrième... En 2048 (97-72), nouveau débat au CEPMES, où il est décidé d'installer un système d'alerte rapide en cas de conflit nucléaire. République Eyldarin et Ligues Atlani collaborent à son installation, rendue difficile par la reprise des programmes spatiaux des principales nations terriennes.

Lorsque survient l'attaque nucléaire du 23 avril 2053 (97-77), le CEPMES décide de ne détruire que les engins dirigés vers des zones à forte densité démographique, et ce malgré les protestations des Eyldar et des Atlani. De fait, de tous les impacts de 2053, la destruction de Caracas représente plus de 50% des morts humaines directes. En 2055 (97-79), le CEPMES stoppe le programme de défense et ordonne son démantèlement (qui ne sera terminé qu'après 2101). Ni le début des hostilités en terre d'Islam quelques années plus tard, ni l'invasion de l'Afrique, ni la bataille des deux Amériques, ni encore la guerre en Europe ne fera revenir une force internationale autour de la Terre, malgré tous les rapports alarmistes de la République Eyldarin.

On le sait depuis quelques années, la République Eyldarin entretenait déjà des contacts avec les deux États-Unis d'Amérique dès 2053 et que des contacts ultra-secrets avec la Confédération Européenne s'étaient liés tout de suite après la Quatrième Guerre Mondiale. Aux dires de certains ambassadeurs, tout se déroulait dans une ambiance de secret, de non-dits et de mystères: histoire de ne pas trop se faire taper sur les doigts, les Eyldar utilisaient des intermédiaires Atlani ou Ataneyldar et essayaient dans la mesure du possible de révéler le moins de choses à leurs intermédiaires terriens, et surtout, surtout de ne pas se retrouver impliqués dans des querelles géopolitiques...

Troisième époque: le Choc Terrien

Aux dires d'un peu tout le monde, et des Eyldar en particulier, ce n'est qu'en 2101 (97-125) et 2103 (97-127), lorsque la Fédération des Hautes-Terres, puis le reste des nations terriennes, sont acceptées au sein du CEPMES que les ennuis commencèrent vraiment...

D'abord cette acceptation ne va pas sans mal. C'est la première fois dans l'histoire de la Sphère qu'autant de nations accèdent en si peu de temps au rang de membres du CEPMES. D'autant plus que, si l'on ne compte que deux gros blocs, ils sont composés d'une myriade d'états. En définitive, l'acte final de 2103 voit l'arrivée de six nouvelles nations: la Fédération des Hautes-Terres, les États-Unis Nord-Américains, la Confédération Européenne, l'État d'Israël, la Ville Libre de Copacabana et la Ville Libre de Singapore. D'où un quasi-doublement du nombre de nations au CEPMES!.. Du coup, on craint un peu d'avoir affaire à un "bloc terrien" face aux autres nations de la Sphère. On s'apercevra bien vite qu'il n'en est rien, que ce bloc est composé d'antagonismes que les diplomates de tous poils s'empresseront d'exploiter, et que de toute façon, au niveau de la population, ils ne font pas le poids! Pas encore...

Deuxième problème, ce ne sont pas seulement six nations, mais surtout six civilisations différentes de tout ce que l'on connaissait jusqu'alors. Six civilisations surarmées et que quatre guerres mondiales n'ont pas réellement calmées. Sans compter des différences culturelles notables: des religions, des idéologies en pagaille. Et des systèmes politiques qui, tels la démocratie, paraissent bien étranges pour la civilisation eyldarino-atalen et la culture siyansk. Bref, des monceaux d'emmerdes en perspective!

Les dix années qui suivent sont principalement des années de découvertes mutuelles et d'adaptation. Les Terriens finissent par s'habituer au fait qu'ils n'étaient pas seuls dans l'Univers. Certains durent s'habituer au fait que l'Univers n'était pas peuplé d'horribles créatures aux yeux insectoïdes en voulant à leurs femmes. D'autres durent abandonner leurs plans de conquête globale et massive pour sombrer dans la paranoïa... Ce sont aussi des années de croissance économique démesurée et débridée, d'intense activité diplomatique et administrative. En bref de chaos total, surtout du point de vue du CEPMES!

Le commun des Eyldar ne fut somme toute que peu touché par toute cette vaine agitation extérieure, protégé par des barrières très efficaces: l'administration douanière eyldarin, les standards de sécurité, les lois contraignantes sur l'industrie privée et le quasi-monopole de l'État sur tout et le reste...

Quelques missions diplomatiques et culturelles, sans parler de missions religieuses, furent envoyées vers la République et toutes concordèrent pour tisser une nouvelle barrière, encore plus solide: une mauvaise réputation franche et massive. Les moeurs des Eyldar furent décrites comme étant au mieux répréhensibles par tout ce qui pouvait se croire investi de près ou de loin d'une mission morale quelconque; le système légal et économique donna des maux de têtes aux experts américains et européens; les douanes firent cauchemarder les Higlanders; même les Scandinaves tiquèrent à la vue des consignes de sécurité concernant meubles, immeubles et véhicules (surtout à la mention "durée de vie minimum")! Bref, la République Eyldarin apparut bien vite aux yeux des nouveaux arrivants comme un cauchemar qu'il fallait à présent oublier au plus vite...

Les Deuxième et Troisième guerres stellaires (2115 à 2207)

Le principal problème qui surgit dans les années suivant l'arrivée des Terriens aux Étoiles fut, mis à part le choc technologique et culturel, l'impérialisme grandissant de la Fédération des Hautes-Terres. D'abord, elle commença par rafler à peu près tous les systèmes solaires inoccupés autour de Sol; quelques stations privées atlani ou siyansk furent occupées sans beaucoup de violence, parfois abandonnées par ses habitants, parfois rendues par les envahisseurs. Bref, la situation politique se tendit de plus en plus, jusqu'à l'invasion d'Alt, qui mit tout de suite le feu aux poudres...

Depuis les révélations sur "l'Affaire Talvarid", les autorités eyldarin sont très chatouilleuses sur le sujet, ce qui fait que la République Eyldarin attendit patiemment le premier prétexte venu pour saisir le CEPMES, ce qui ne tarda guère: deux vaisseaux de ligne eyldarin furent arraisonnés aux alentours d'Alt. Le CEPMES accorda un mandat d'intervention à la GMS, aux Ligues Atlani et à la République Eyldarin, qui s'empressa d'aligner quelques-uns de ses vieux vaisseaux de combat pour escorter ses convois à destination d'Alt, avec les résultats que l'on sait. Jugeant que l'avertissement suffisait, la République se retira du mandat.

Il se trouve que, pour certaines choses, la Fédération des Hautes-Terres est un peu dure de la comprenette. Ou peut-être a-t-elle la mémoire courte. Toujours est-il que dix ans plus tard, elle remit ça en amenant une flotte monumentale en orbite d'Alt pour faire un blocus en règle de la planète. Pour le peu qu'on en sait, le débat à l'Agora fut animé; on dit que Cediar Salion Maënilvya traita Ariniaël Rijkanaël de tarée, en retour de quoi il se prit un pain de toute beauté... Et si effectivement il arborait un magnifique coquard en sortant de la séance, il accusa un bord de piscine trop glissant combiné à un excès de choses alcoolisées, si bien que personne, si ce n'est les douze présents, ne sait réellement ce qui s'est passé.

Mais tout ça, c'est de l'anecdote. Le fond de l'histoire est que le 31 décembre 2136 (98-16), un commando d'une centaine de personne arraisonna le supercroiseur "HLS Gabriel Fore" et en détruisit les moteurs, avant de repartir sans la moindre perte, d'un côté comme de l'autre d'ailleurs. Quelques vaisseaux de combats en approche rapide finirent de convaincre un équipage passablement étonné d'avoir à abandonner le bâtiment, dont la capture fut un des plus grands événements médiatiques de la guerre. Enfin, médiatique... Sauf en République Eyldarin, où les journalistes terriens eurent toutes les peines du monde pour trouver un "Eylda-de-la-rue" à interroger qui sache quelque chose...

La Troisième guerre stellaire passa encore plus inaperçue, si possible, auprès des masses populaires et n'éveilla pas non plus de grosses inquiétudes chez les gouvernants eyldarin, qui se dirent que tant que c'est entre les Karlan et les Highlanders, ce n'était pas très grave... Par contre, l'intervention de la Force d'Interposition eut plus d'échos, même si là encore, dans un état d'esprit typique de la République, on se dit que c'était chez les autres...

Du rififi dans la Frontière (2207-2257)

Décidément beaucoup plus animées que les trois millénaires précédents, les deux cent dernières années furent le théâtre de nombre de guerres et conflits. Les Guerres Corporatives, aussi curieux que cela puisse paraître, éveillèrent beaucoup plus l'intérêt des Eyldar que tout ce qui se passa auparavant. La raison en est relativement simple: beaucoup d'Eyldar habitent en FEF depuis la Révolution et ont de la famille en République. Les nouvelles circulèrent vite.

Mais ce fut surtout l'invasion de Trian, où près d'un quart de la populaion est eyldarin ou sang-mêlé, qui suscita les plus vives réactions. Nombreux furent les Eyldar qui pensèrent qu'il fallait intervenir d'une manière ou d'une autre sur Trian. L'Agora déposa même une motion en ce sens. Seulement l'intervention de la FI en 2147 (98-25) avait tellement terrifié les gouvernants de la Sphère, que tous s'accordèrent pour subordonner cette intervention à un processus bureaucratique lent et compliqué, assorti de conditions draconiennes et d'un vote des deux Conseils à la majorité des deux-tiers, si bien que la Force d'Interposition ne put pas bouger, et seule une mission de maintien des cessez-le-feu fut envoyée et confiée à l'Alliance Nord-Atlantique.

Bref, la situation en F.E.F. continua à se dégrader, aboutissant aux Guerres corporatives, que les Eyldar refusèrent de toucher, même avec un bâton de 25 années-lumière... Il faudra le désastre de Presidium pour réveiller une opinion publique que l'on croyait inexistante. Il y eut -- chose unique dans les annales eyldarin -- des manifestations populaires dans les rues de Tor-en-Erideyan, Tor-en-Eythelyan et Nimnaris. Mais, comme si la population s'était soudain rendue compte de son audace, tout se calma et ces manifestations restèrent sans lendemain...

Aujourd'hui

Si la République Eyldarin n'a pas réellement d'ennemis dans la Sphère, certaines relations sont nettement plus tendues que d'autres. Notamment avec la Ligue Stellaire, nouvellement découverte. En effet, celle-ci considère le nouveau régime comme une hérésie par rapport à l'esprit de l' Arlauriëntur , ce à quoi ledit nouveau régime réplique que l'esprit de l' Arlauriëntur est mort avec elle, et qu'un système responsable d'autant de vies perdues est un mauvais système.

La Fédération des Hautes-Terres est aussi souvent sujet à problèmes, les Eyldar exigeant encore et toujours l'évacuation des militaires et colons d'Alt (ce sont d'ailleurs un peu les seuls à encore le faire...). Quant au Haut-Commandement Karlan et aux Guildes Siyansk, ils réclament toujours de temps en temps des dommages de guerre, dont les intérêts composés sur trois mille ans deviennent réellement ridicules à force de gigantisme.

On a aussi droit sporadiquement à des demandes saugrenues venant de la FEF, concernant d'antiques droits et franchises obtenus par des planètes ou des régions et pour lesquels les habitants demande une application, ou abrogation, ou compensation, etc... Un des cas les plus récent fut la Confédération des États de Vaïoladin, qui demanda en 2281 (99-17) annulation et réparation de l'acte de propriété qui liait la planète et l'ensemble de sa population à un clan aujourd'hui décimé. L'annulation ne posa aucun problème, personne en République Eyldarin n'ayant la moindre envie d'avoir Vaïoladin à sa charge. Quant aux réparations, la matriarche du clan vint expliquer que, vu l'état de ses finances, il lui faudrait plusieurs vies eyldarin pour commencer à rembourser la première partie des dommages exigés. Vaïoladin remballa sa plainte.

Et demain?

Selon les avis les plus autorisés, la République Eyldarin aura à faire face, dans une avenir plus ou moins rapproché, au problème de son ouverture sur la Sphère. Si elle n'est pas une huître format Haut-Commandement Karlan, elle présente néanmoins un certain nombre de verrous économiques et sociaux face au reste de la Sphère.

Si elle a pu vivre pendant trois millénaires sans trop se soucier du reste de la communauté interstellaire, tout le monde est plus ou moins d'accord pour dire que cet état de fait ne peut pas durer éternellement. D'autant plus que, qu'elle le veuille ou non, cette ouverture a déjà commencé, avec les Cités Franches d'Eridia, les zones d'économie mixte de Laynë et le cas d'Ardanya.

La "colonisation" plus que probable de Dor Salminis d'ici la fin du siècle sera sans doute la prochain défi que devra relever la République.

Texte: Alias.
Images: Michel Rauw (1-4); David Bouet (5)