Arlaurientur
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Annexe historique

Quelques notes sur l'Arlauriëntur

L'Arlauriëntur dans l'histoire de la Sphère, c'est un peu comme l'Empire Romain dans l'histoire européenne: si on n'y connaît rien, on ne peut pas comprendre le pourquoi de certains événements ou usages actuels. Afin de bien comprendre cette période de 10'000 ans pendant laquelle un seul système politique, économique et social règnera sur la moitié de la Sphère, voici un petit résumé de ce qu'était l'Arlauriëntur, non en tant qu'élément de l'histoire événementielle, mais en tant qu'État.

Structures politiques

On l'a déjà dit, il y a une confusion de termes entre l'Arlauriëntur-état (que l'on appelait plus volontiers Eltarandor) et l'Arlauriëntur-présidence. Là encore, il y a confusion: plutôt qu'une seule présidence, l'Eltarandor était gouverné par une sorte de direction collégiale, composée de trois conseils distincts, appelés Ënturi: l'Arlauriëntur, le Dagarëntur et le Varsiëntur.

L'Arlauriëntur regroupait tous les Seigneurs (Hiruini, sing. Hiruin; fém. Hiriel/Hiriali) des différentes divisions territoriales (tarandori, sing. tarandor); elle avait pour but de régler les problèmes politiques et sociaux, et de coordonner les actions des deux autres Ënturi. Au plus fort de l'expansion territoriale, il y eut 26 tarandori, et donc 26 Hiruini/iali dans l'Arlauriëntur. L'Arlauriëntur était fortement dominée par les Eyldar.

Le Dagarëntur, "conseil militaire" chargé de coordonner la défense de l'Eltarandor, comptait autant de "Seigneurs combattants" (Dagarani, sing. Dagaran; fém. Dagariel/iali) qu'il y avait de seigneurs dans l'Arlauriëntur. Plus tard, le Dagarëntur mit son nez dans des affaires telles que la colonisation, la répression de troubles sociaux, etc... Le Dagarëntur était principalement l'affaire des Atlani.

Enfin, le Varsiëntur était la composante économique du gouvernement de l'Eltarandor. Regroupant les "Seigneurs marchands" (Varsarani, sing. Varsaran; fém. Varsiriel/iali) de chaque tarandor, il avait la tâche exaltante, mais éprouvante, d'assurer un approvisionnement équitable de toutes les planètes de l'empire eyldarin. Vous l'aurez devinez, c'était bel et bien les Siyani qui composaient la grande majorité du Varsiëntur.

Chacun des Ënturi accueillait lors de ses séances annuelles trois représentants des deux autres "présidences". Remarquons aussi, comme on peut s'en douter, que l'Arlauriëntur chapeautait les deux autres Ënturi et que, assez rapidement, c'est son nom qui s'est substitué à celui d'Ënturi Eltarandorë utilisé jusqu'alors pour désigner le gouvernement. Cela a très bien marché, jusque vers la création du CEPMES, à partir de laquelle l'Arlauriëntuir a commencé à se méfier des autres Ënturi et de prendre toutes les décisions elle-même. De toute façon, les décisions de l'Arlauriëntur avaient préséance sur toute autre décision.

Toutes les Ënturi étaient donc composées d'un nombre de seigneurs variant avec l'étendue et/ou le découpage territorial de l'Eltarandor.

Comment pouvait fonctionner ces réunions? En général, elles avaient lieu dans le Grand Palais de Dor Eydhel, le Kantamanileva, ou "Palais aux Mille Jardins", en privé et loin des yeux du peuple... Il faut voir les choses en face, ces sessions de gouvernement n'avaient pas grand-chose à voir avec le Conseil des Sinistres moyen, tel qu'on en voit toutes les semaines à la télé française: les grands seigneurs de l'Arlauriëntur, du moins dans les premiers temps, se connaissaient et s'appréciaient mutuellement, dans tous les sens du terme, y compris celui auquel vous pensez tous, bande de petits obsédés... En bref, si ce n'étaient pas des orgies dionysiaques entrecoupées de quelques discussions politiques et prises de décision, cela y ressemblait suffisamment pour qu'on puisse s'y tromper au premier coup d'oeil. Cela se calma temporairement avec l'arrivée des Siyani dans l'Arlauriëntur et la fondation du Varsiëntur. Néanmoins, les choses reprirent assez rapidement leur cours habituel, le temps de s'habituer à ces lézards.

La grande rupture avec cette politique-partouze fut bien évidemment la Première Guerre Stellaire. C'est à ce moment qu'apparurent des dissensions politiques graves entre les Ënturi et au sein-même de celles-ci. Dès lors, ce fut la fin des séances passées au bord de l'eau à conter fleurette et bien d'autres choses à ses voisins-voisines. La politique devint plus une affaire sérieuse, d'autant plus sérieuse qu'à l'époque la guerre touchait toutes les planètes, même celles de la Première Couronne. Pour finir, lors des deux derniers lieni, le Dagarëntur et l'Arlauriëntur finirent par siéger en permanence au Palais aux Mille Jardins, jusqu'à sa destruction.

Organisation sociale

Comme un peu tout ce que font les Eyldar à cette époque, la société sous l'Arlauriëntur associe sans gêne rigidité et souplesse. D'une part la rigidité propre aux systèmes traditionnels vieux de plusieurs générations, et d'autre part la souplesse nécessaire pour que des gens comme les Eyldar, peu habitués aux contraintes de toutes sortes, se sentent à l'aise.

Bien sûr, le système social subit au cours des 10'000 ans de son existence de nombreux changements, et vouloir faire le compte de ces changements tient de la gageure, d'autant que même les historiens les plus renommés de la Sphère ne sont toujours pas d'accord entre eux et continuent de se casser les dents (et le reste) dessus... Cependant le trait dominant, notamment des trente derniers siècles, est une militarisation progressive de plus en plus forte de la société. La carrière militaire présenta de plus en plus d'attrait pour les jeunes ambitieux, promettant une rapide ascention sociale à ceux qui combattraient bien. Ceux qui survivaient, bien sûr... Les combattants finirent même, dans les deux derniers lieni de l'Arlauriëntur, par former une caste à part du système classique mentionné ci-dessous.

Donc, l'Arlauriëntur est une société de castes, ou plutôt de classes puisqu'elles sont assez ouvertes. On peut résumer cette société en trois classes: les Dirigeants, les Libres et les non-Libres, ces deux dernières formant en fait une sous-classe située loin sous la première.

Les Dirigeants

(Arantari, sg. Arantar)

On pourrait dire que les Arantari sont les décisionnaires de l'Arlauriëntur. Ils ont obtenu des droits et devoirs leur accordant la responsabilité d'un secteur, qui peut aussi bien être géographique (une province) que militaire (un groupe plus ou moins grand de combattants), social (une institution), économique (une entreprise, ou un groupe d'entreprises), voire même honorifique et/ou virtuel (un peu comme certains évêques qui se voient attribuer un diocèse qui n'existe plus depuis quinze siècles... on appelle aussi ça un placard). Un Arantar peut prendre dans son secteur toutes les décisions qu'il juge bon sans avoir à en référer à l'Ëntur dont il dépend.

Le cumul des charges est très strictement surveillé; il est interdit à un individu d'avoir plus de trois charges, et encore celles-ci ne doivent pas former un groupe de blocage (par exemple trois industries représentant l'intégralité d'une chaîne de fabrication). De plus, elles peuvent être révoquées sans préavis par l'Ëntur compétente en cas de faute grave. Cela reste rare; le plus souvent, le fautif est puni par une forte amende et on lui adjoint un "mouchard" pendant une période d'essai. Parfois, les charges du Dirigeant sont héréditaires, mais le plus souvent ce n'est pas le cas, même si on désigne de préférence un de ses descendants au même poste; en fait, comme cela a souvent été le cas dans la plupart des régimes de ce genre, les charges se sont "héréditarisées" au cours des siècles.

Comme toutes les classes, ce n'est pas une caste fermée, et pas non plus une élite microscopique: les ascensions et rétrogradations sont monnaie courante, et les Dirigeants représentent, suivant les périodes, entre 5 et 15% de la population de l'Arlauriëntur. La crème est bien évidemment constitué par les Seigneurs, c'est-à-dire les Arantari dirigeant une province. Les autres Dirigeants leurs sont subordonnés selon des liens qui ne sont pas sans rappeler une forme souple d'hommage vassalique, tel qu'il réapparaîtra sur Terre bien plus tard: le Seigneur assigne la charge à un Dirigeant, qui en échange lui prête un serment de fidélité et assistance. Si les termes exacts de l'alliance, qui peuvent varier énormément d'un cas à l'autre, sont consignés par écrit, le serment lui est un contrat oral. Souvent des unions entre les clans du Seigneurs et des Arantari subordonnés se forment pour renforcer les liens existant, ce qui donne parfois lieu à de grandes mafias et à des scandales juteux.

Les Libres

(Erbelain, sg. Erbelen)

Le gros de la troupe, la classe moyenne, du simple artisan ou agriculteur, jusqu'au chef d'entreprise. Tous ces gens n'ont qu'une responsabilité très limitée et restent bien évidemment soumis à un Arantar. On ne recense pendant l'Arlauriëntur qu'un nombre très restreint de travailleurs indépendants; ces Kanerbelain (sing. Kanerbelen) sont néanmoins obligés de se "déclarer" auprès de celui qui dirige la région où ils habitent.

Les relations entre Libres et Dirigeants sont de nature bien différentes à celles qui régissent les Dirigeants entre eux. On rentre dans une société plus "civile". Pas de liens vassaliques, mais un simple contrat à durée déterminée et renouvelable à l'agrément des deux parties. Rares sont les Libres liés à d'autres Libres. Il faut remarquer qu'à travail égal, le traitement d'un Libre ne diffère guère de celui d'un Dirigeant; ce dernier bénéficiera juste de quelques avantages en nature (véhicule et logement de fonction plus que confortable, etc...).

On estime que les Libres formaient, suivant les périodes entre 50 et 80% de la population de l'Eltarandor.

Les non-Libres

(Siserbelain, sg. Siserbelen)

Eh oui, on a tendance parfois à l'oublier un peu vite, mais l'esclavage n'est pas seulement une donnée terrienne, particulière à certaines sociétés archaïques (Égypte pharaonique, Empire Romain, Moyen-âge européen, sud des États-Unis, ambassades genevoises, etc...). Mais ici, on a affaire à une forme particulière, plus proche de la domesticité que de la servitude pure et dure.

Peu de Siserbelain sont employés à des travaux pénibles: il y a des machines, pour ça. La plupart sont en fait du personnel de maison: domestique, cuisinier, chauffeur, secrétaire, etc... Ils sont le plus souvent intégrés à la cellule familiale, et s'ils n'ont pas le droit de quitter un certain périmètre sans autorisation, ils jouissent des mêmes droits que les autres citoyens, si ce n'est celui de disposer d'eux-mêmes.

Comment devient-on un non-Libre? Parfois pour un crime de droit commun, parfois pour échapper à la justice ou à des "amis" un peu trop pressants, mais le plus souvent à la suite d'un endettement trop lourd à supporter. Il est courant que des parents pauvres "vendent" leurs enfants à un riche Dirigeant ou Libre, selon une forme particulière de contrat, indiquant que le "maître" de l'enfant donnera à celui-ci une éducation, gîte et couvert, en échange de ses services, et que liberté lui sera rendue au bout d'un certain laps de temps. C'est une pratique largement répandue et acceptée, tant par les parents que les enfants, dans la société de l'Arlauriëntur et tout laisse à penser qu'elle se perpétue encore de nos jours dans quelques communautés eyldarino-atalen conservatrices, comme dans les Ligues Atlani, les Guildes Siyansk ou la Frontière.

On le voit, la situation de non-Libre n'est pas définitive. Le rachat de sa liberté (mallerbianti) est toujours prévu, mais d'un autre côté, si la dette n'est pas couverte à sa mort, elle passe à la descendance... On peut aussi choisir de rendre sa liberté à un Siserbelen, pour quelque motif que ce soit, avec une seule exception: si une action en justice est en cours contre lui, dans lequel cas il doit attendre l'issue du jugement, ceci pour éviter qu'on ne lâche ses leurs serviteurs si ceux-ci ont commis une bêtise...

Justice

Les trois classes sus-mentionnées forment des entités sociales bien distinctes, avec notamment des traitements juridiques différents. En clair, il existait pendant l'Arlauriëntur un ensemble de lois pour tous, définissant droits et devoirs généraux (déclinées différement suivant les provinces), puis des lois plus particulières pour Arantari, Erbelain et Siserbelain. Notamment, les Arantari bénéficiaient d'un bon nombre d'avantages et d'immunités, alors que les Siserbelain voyaient une bonne partie de leurs charges judiciaires retomber sur leurs maîtres. Les Erbelain étaient donc le moins avantagés par ce système...

Le système juridique était aussi basé sur des différences raciales, nécessaires ne serait-ce qu'à cause des écarts de longévité entre Eyldar, Atlani et Siyani. S'y rajoutaient aussi des différences entre régions ou même planètes: un citoyen de l'Arlauriëntur étaittraité différemment s'il était né sur Dor Eydhel ou sur Kaïldien.

À noter qu'on n'était pas jugé selon les lois indigènes, mais selon celles de son état d'origine: pour reprendre l'exemple ci-dessus, le citoyen de Dor Eydhel en villégiature sur Kaïldien était jugé, en cas de conflit juridique, selon les lois de Dor Eydhel et non celles de Kaïldien. Cela causait parfois des difficultés techniques, du fait de mises à jour particulièrement lentes dans des endroits très reculés.

Il ne faut pas croire pour autant qu'un assassinat pouvait rester ainsi impuni (même si, pour d'autres raisons, on a vu des affaires être enterrées par les pouvoir en place), car les lois criminelles restèrent remarquablement homogènes d'un bout à l'autre de la Sphère de l'époque (et le sont toujours, d'ailleurs, dans l'espace eyldarin et atalen). Ce ne fut par contre pas le cas pour les lois concernant l'économie, avec les conséquences que l'on imagine avec des Siyani dans les environs...

Les particularismes atlani

Par rapport aux autres mondes, les trois planètes des Ligues Atlani, ainsi que quelques autres mondes directement sous l'administration des Ligues, bénéficiaient de certaines franchises, entraînant une organisation sociale différente.

Même si chacune de ces planètes étaient considérées comme des provinces de l'Eltarandor, elles étaient néanmoins considérées comme en-dehors de sa juridiction. Listant, Brivianë et Eokard avaient chacune un gouvernement autonome de type monarchique féodal/fédéral, avec à sa tête un roi (Artar) ou une reine (Arteyr). Il était rare que ces mêmes monarques représentent les nations dans les Ënturi; ils y déléguaient le plus souvent des ministres/conseillers (désignés sous le nom générique de rigantar/riganteyr, pl. rigantari/rigantiri).

Une autre particularité du régime atalen est l'inexistence théorique d'une caste de non-Libres. La seule différence qui se faisait alors était entre Nobles (Arini, sing. Aren) et non-Nobles (Sesarini); seuls les Nobles avaient accès à une grande partie des postes à hautes responsabilités, mais la mobilité entre ces deux castes était encore plus grande que chez les Eyldar, un peu comme c'est le cas à l'heure actuelle dans la Ligue Stellaire (Elcarasiri).

La justice des Atlani se distingua aussi par une plus grande rigidité par rapport aux modèles eyldarin ou siyansk. Avant l'Arlauriëntur, les Ligues Atlani furent très répressives, notamment en ce qui concerne certains conflits, dits "d'opinion", qui semblent avoir pulluler entre l'arrivée des Vaisseaux et la reprise de contact avec les Eyldar. Ces mesures touchèrent principalement des groupes religieux ou parareligieux qui avaient le malheur de ne pas plaire aux régimes en place et de fait se firent déporter vers les colonies. Même si la chose se tassa par la suite, la déportartion massive de prisonniers politiques fut encore utilisée à plusieurs reprises.

Ces différences tendirent à disparaître de plus en plus rapidement dès le début de la Guerre d'expansion.

Géopolitique

Les données que nous avons quant à l'expansion territoriale de l'Arlauriëntur ne sont malheureusement que partielles. En particulier, il nous manque une grande partie des dernières conquêtes, depuis le début de la guerre avec les Karlan. L'Eltarandor était divisée en diverses "couronnes" (Elsantiri, sing. Elsantir), définissant les planètes par leur importance et leur éloignement des centres, l'un étant d'ailleurs quelque peu dépendant de l'autre...

La Première Couronne (Elminsantir) était composée des planètes-mères des différentes races composant l'Arlauriëntur: Dor Eydhel, Ringalat, Eridia, Listant, Brivianë, Eokard, Cchlatzsstrill et Dlatzgrat.

Ensuite venaient les planètes de la Deuxième Couronne (Elsinsantir), colonisées dans les premiers millénaires de l'expansion, avant la Guerre; on compte parmi celles-ci toutes les planètes actuelles de la République Eyldarin et des Guildes Siyansk, plus certaines planètes de la Frontière, telles Trian, Caramer, Kaïldien, Avadi-Arag et... Fantir.

Les planètes de la Troisième Couronne (Elcirsantir) nous sont les moins connues. Elles comptent dans leurs rangs tous les mondes non encore cités de la Frontière, plus les planètes de l'Elcarasiri, plus encore un vingtaine d'autres noms, dont on ne sait s'il s'agit de bases militaires, de stations astéroïdales ou de systèmes planétaires entiers. Ces noms proviennent de sources indirectes, tels des registres de compte ou des borderaux d'expédition, ne donnant aucune autre précision que l'existence de ces lieux et, parfois, une distance approximative (pouvant dans certains cas dépasser les 300 A.L. de Fantir). D'après ce que l'on sait, les planètes de la Troisième Couronne étaient gérées, on ne sait pourquoi, directement par le Dagarëntur, avec pour fâcheuse conséquence l'impossibilité d'avoir des archives intactes...

L'armée

Il peut sembler un tantinet paradoxal de penser que, dans les premiers temps de la conquête spatiale, les Eyldar furent bien plus paranoïaques que les Atlani, au point d'armer leurs vaisseaux d'exploration... Néanmoins, et ce au contraire des Atlani, les Eyldar ne firent pas vraiment de distinction entre "militaire" et "civil". Un peu tout le monde était armé et suivait un entraînement au maniement de diverses babioles. Le plus souvent, c'étaient des armes de chasse ou de combat rapproché. Les Atlani eux, avaient déjà développé un système militaire basé sur le volontariat, où seuls une petite frange de la population pouvait suivre un entraînement de combattant.

Il faut à ce point noter deux choses au niveau de la conception de la guerre par le conglomérat culturel eyldarino-atalen, qui diffèrent radicalement des habitudes terriennes. D'abord, la conscription obligatoire et forcée n'a jamais été dans les habitudes des uns ou des autres, pour la simple et bonne raison que quelqu'un de contraint et forcé ne fait jamais un bon combattant, comme le prouvera plus tard la tentative désastreuse de l'Arlauriëntur peu avant la Révolution... D'autre part, c'est la tendance qu'ont Eyldar et Atlani de privilégier la personnalité à l'esprit de corps; c'est pourquoi ils préfèrent le terme de "combattant" (dagartar, pl. dagartari, en eyldarin comme en atalen) à celui de "soldat" (pour lequel on emploie le mot anglais soldier).

Lors de la constitution de l'Arlauriëntur moderne, avec ses trois Ënturi, c'est le système atalen qui fut retenu comme modèle pour la future Sildagarin. Cette armée comporte trois types de forces. D'abord, les garnisons planétaires (erdagarini, sg. erdagarin) chargées de la défense des systèmes solaires et du maintien de l'ordre social si les milices (trintari; forces civiles dépendant de l'Hiruin ou Hiriel local) le demandent. Ensuite, les forces interstellaires (eldagarini), patrouillant les zones inexplorées ou peu sûres et pouvant agir un peu partout dans la Sphère en cas de problème. Enfin, les réserves (hwerdagarini), c'est-à-dire des combattants entraînés, mais menant une vie normale jusqu'à ce qu'on ait besoin d'eux, ce qui signifie en général une guerre majeure...

Toutes ses forces étaient divisées en flottes (kanrain), flotilles (kyrain), escadrons (edinrain) et groupes (anrain) de taille variable suivant les unités et les forces dans lesquelles elles opèrent; on peut toutefois en généralisant dire qu'une flotte compte dix flotilles, qui elle-même compte cent escadrons, composés chacun de dix groupes de dix combattants. À son apogée, la Sildagarin comptait la bagatelle de 600 flottes réparties entre les différentes forces, soit 60 millions de combattants.

L'espace, c'est vaste! En conséquence de ce doux euphémisme, la plupart des forces militaires étaient concentrées autour des systèmes stellaires dans un premier temps, puis, lorsqu'on s'aperçut que les Karlan n'avaient aucun problème à sortir d'hyperespace à l'intérieur de ce périmètre de défense, on redisposa les flottes en une protection plus rapprochée autour des planètes-mêmes.

Chaque planète disposait pour sa défense d'entre 5 et 50 flottes, avec une moyenne autour de 15, soit 1.5 millions de combattants. C'est peu! Et c'est principalement là que le bât blesse: les forces eyldarin ne purent jamais faire le poids contre les Karlan. À cause de leur faible nombre, le Dagarëntur ne pouvait se permettre de mener de front sa politique de conquête de l'espace Karlan et une défense crédible de l'Eltarandor, d'où les tentatives désastreuses de conscription forcée de la fin de l'Arlauriëntur...

Aventures dans l'Arlauriëntur

Certains déhemmes taquins pourraient tout à fait imaginer quelques scénarii se déroulant au temps "béni" du grand empire eyldarin. Il n'est même pas exclu que l'Auteur, qui lui-même est un déhemme taquin quand il s'y met, n'envisage quelque chose dans ce genre plus tard...

C'est bien évidemment possible. Il faudra néanmoins pour cela faire quelques efforts d'adaptation, notamment au niveau du matériel. Énormément de papoums et autres bidules terriens ne seront pas disponibles, et ça fait quand même beaucoup: toutes les armes à feu, les phaseurs, les fulgurants, les lasers, par exemple. Oubliez aussi les méta-ordinateurs portables avec plein de fonctionnalités terrifiantes, les programmes d'infiltration et ce genre de choses.

Il faudra aussi changer quelques détails au niveau de l'ambiance. L'univers de l'Arlauriëntur a à peu près autant de rapport avec un Tigres Volants classique que Jules Verne et du cyberpunk. Pas de Dame de Fer, pas de Terriens (pas de rock'n'roll non plus, on ne peut pas tout avoir...). Une Sphère plus homogénéisée, vivant à un rythme plus lent, moins stressé. Un monde où rentabilité et gains financiers ne sont pas -- à part pour les Siyani -- les maître-mots.

Mais les possibilités d'aventures abondent, pour ceux qui aiment le baroque. L'expoloration de mondes inconnus, les batailles avec les Karlan, les plans sordides d'Arcanistes déments, les intrigues de cour. Oui, ça ressemble un peu à de la science-fiction victorienne, mais bon, on peut aimer... Plus près de l'univers de Tigres Volants plus classique, on peut aussi trouver les contrebandiers de la Frontière, les magouilles des Siyani, les différentes luttes pour l'indépendance de quelques planètes.

Arlauriëntur 2 : Le Retour

Exercice de style: et si l'Arlauriëntur ne s'était pas effondrée, si les Eyldar n'avaient pas cédé à la tentation militariste? L'Arlauriëntur se sépare du CEPMES, se réorganise, se consolide, se réforme. D'un côté, Eyldar et Atlani, de l'autre, Siyani, Karlan et la Frontière.

Se pourrait-il que cette Troisième guerre mondiale se transforme en un gigantesque fiasco, que les ogives ne tombent pas, ou en tous cas en moins grand nombre? Que les Highlanders ne prennent pas l'Amérique?

Que se passerait-il, maintenant, en 2290? Quel serait le statut de la Terre?

J'ai mes idées, j'attends les vôtres.

Texte: Alias.
Images: Elwing.